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Augustin: Confessions, VI,iii, 3 (trad.Tréhorel et Bouissou)
http://cercamon.wordpress.com/2005/08/13/augustin-confessions-viiii-3-tradtrehorel-et-bouissou/

Mais quand il [Ambroise] lisait, les yeux parcouraient les pages et le coeur creusait le sens, tandis que la voix et la langue restaient en repos. Bien souvent quand nous étions là - car l’entrée n’était interdite à personne, et l’on n’avait pas coutume d’annoncer les visiteurs - nous l’avons vu lire en silence, et jamais autrement; et nous restions assis longtemps sans rien dire - qui eût osé importuner un homme aussi absorbé? - puis nous nous retirions et nous supposions que, dans ce peu de temps qu’il pouvait trouver pour retremper son âme, délivré du tumulte des affaires d’autrui, il ne voulait pas se laisser distraire; peut-être aussi était-il sur ses gardes, dans la crainte qu’un auditeur intéressé et attentif, devant un passage assez obscur de l’auteur qu’il lisait, ne le contraignît à entrer dans des explications ou discussions de certaines questions assez difficiles, et que le temps employé à ce travail ne réduisît le nombre de volumes qu’il voulait dérouler; d’ailleurs le souci de ménager sa voix, qui s’enrouait très facilement, pouvait être aussi une raison bien légitime de lire en silence. Cependant, quelle que fût l’intention qui le faisait agir, assurément un homme comme lui agissait bien.
Sed cum legebat, oculi ducebantur per paginas et cor intellectum rimabatur, uox autem et lingua quiescebant. Saepe, cum adessemus - non enim uetabatur quisquam ingredi aut ei uenientem nuntiari mos erat - sic eum legentem uidimus tacite et aliter nunquam sedentesque in diuturno silentio - quis enim tam intento esse oneri auderet? - discedebamus et coniectabamus eum paruo ispso tempore, quod reparandae menti suae nanciscebatur, feriatum ab strepitu causarum alienarum nolle in aliud auocari et cauere fortasse, ne auditore suspenso et intento, si qua obscurius posuisset ille quem legeret, etiam exponere esset necesse aut de aliquibus difficilioribus dissertare questionibus atque huic operi temporibus inpensis minus quam uellet uoluminum euolueret, quamquam et causa seruandae uocis, quae illi facillime obtundebatur, poterat esse iustior tacite legendi. Quolibet tamen animo id ageret, bono utique ille uir agebat.

un peu plus haut:

et occultum os eius, quod erat in corde eius, quam sapida gaudia de pane tuo ruminaret…

fin 0384

(980518)

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